Articles publiés par le Dr Jean-Luc Mergui dans Gynéco-online

Nouveau Vaccin HPV nonavalent : pour une meilleure protection

Il n'est plus besoin de rappeler l'efficacité démontrée des Vaccins anti HPV contre les virus contenus dans les cocktails vaccinaux qu'il s'agisse du vaccin bivalent  (cervarix) contre les HPV 16 et 18 ou du vaccin quadrivalent (Gardasil) contre les HPV 6,11,16,18 ; bien évidemment cette efficacité est retrouvée essentiellement chez les patientes naïves qui n'ont jamais rencontré les virus HPV contenus dans les cocktails vaccinaux d'où l'intérêt de commencer cette vaccination chez les toutes jeunes filles avant tout début d'activité sexuelle.

Les HPV 16 et 18 sont retrouvés dans près de 70 % des cancers invasifs du col dans le monde, cela signifie que 30 % des cancers peuvent être induits par d'autres virus à haut risque. L'idée était donc d'inclure les principaux virus HPV responsables des lésions cervicales afin d'accroître la couverture vers d'autres génotypes et donc l'efficacité d'une vaccination par un cocktail plus large.

Ce sont donc les résultats de cette première étude de vaccination sur 14 000 femmes âgées de 16 à 26 ans qui viennent d'être publiés dans le New England Journal of Medicine.

Cette étude compare l'efficacité d'un vaccin nonavalent incluant en dehors des HPV 6/11/16 et 18 cinq autres génotypes d'HPV : il s'agit des HPV 31,33, 45, 52 et 58 (soit neuf génotypes d'HPV d'où le nom de nonavalent) par rapport à vaccin quadrivalent classique.

Il est à noter que le nouveau vaccin n'est pas identique en matière de composition des particules vaccinales et de l'adjuvant dont les quantités ont été pour certaines doublées, ce qui sera responsable dans cette étude d'un plus fort taux de réaction au point d'injection et d'effets secondaires mineurs ou modérés.

En matière d'efficacité cette première étude avec un suivi sur 54 mois, montre dans la population per Protocol c'est-à-dire ayant reçu trois doses et naïves au moment de la première vaccination, une non-infériorité du vaccin nonavalent par rapport au quadrivalent sur les quatre virus HPV 6/11/16 et 18, tant en matière immunogénique (taux d'anticorps) que d'infection persistante des HPV en cause et de développement de lésion cervicale vaginale ou vulvaire de haut grade lié à ces quatre virus. Cette étude montre de plus une réduction significative des lésions de haut grade du col, de la vulve et du vagin liées aux virus HPV 31,33, 45,52 et 58 qui est de 0,1 pour 1 000 personnes/an chez les patientes vaccinées avec le vaccin nonavalent et de 1,6 pour 1 000 personnes/an  pour les patientes vaccinées par le vaccin quadrivalent soit une efficacité de 96,7 % [95 %CI 80.9-99.8] pour ces virus incriminés, en ce qui concerne les lésions de haut grade, adénocarcinomes in situ est cancers invasifs : l'incidence dans le groupe vacciné avec le vaccin nonavalent a été de 0.1 pour 1 000 personnes par an et de 1,5 pour 1 000 personnes par an dans le groupe quadrivalent soit une efficacité de 96.3 % [95 %CI 79.5-99.8]. Quant à l'incidence des infections HPV persistantes (plus de six mois) liée aux hPV 31, 33,45, 52,58 l'incidence dans le groupe vacciné par le vaccin nonavalent a été de 2,1 pour 1 000 personnes par an et de 52,4 pour 1 000 personnes par an dans le groupe quadrivalent « traditionnel ».

Si l'efficacité de ce nouveau se confirme sur de plus larges populations, il permettrait d'augmenter la protection contre le cancer invasif du col d'un chiffre initial de 70 % pour le vaccin quadrivalent à une protection de l'ordre de 90 % pour le Nonavalent.

Bien évidemment la modification de la composition de ce vaccin doit faire l'objet d'études de sa tolérance en population réelle afin d'améliorer son acceptabilité.

Le vrai problème reste en France celui de la couverture de la population qui reste encore très limitée et devra faire l'objet d'une meilleure communication à fin d'obtenir comme dans certains pays anglo-saxons une efficacité clinique dans la population féminine.

A 9-valent HPV vaccine against infection and intraepithelial neoplasia in women.

Joura EA, Giuliano AR, Iversen OE, Bouchard C, Mao C, Mehlsen J, Moreira ED Jr, Ngan Y, Petersen LK, Lazcano-Ponce E, Pitisuttithum P, Restrepo JA, Stuart G, Woelber L, Yang YC, Cuzick J, Garland SM, Huh W, Kjaer SK, Bautista OM, Chan IS, Chen J, Gesser R, Moeller E, Ritter M, Vuocolo S, Luxembourg A; Broad Spectrum HPV Vaccine Study.

N Engl J Med. 2015 Feb 19;372(8):711-23. doi: 10.1056/NEJMoa1405044.