Articles publiés par le Dr Jean-Luc Mergui dans Gynéco-online

Analyse critique de l’article : McDonald et al. Overweight and obesity in mothers and risk of preterm birth and low birth weight infants: systematic review and metaanalyses. BMJ 2010; 341:c3428.

Problème de santé publique actuel et futur incontournable, l’obésité maternelle concernerait près de 30 % des femmes enceintes anglaises et nord américaines. La fréquence de l’obésité maternelle impose une amélioration de la connaissance de sa morbidité obstétricale et c’est ce que nous apporte cette récente publication.

Premières causes de mortalité et de morbidité néonatale, l’accouchement prématuré et le petit poids de naissance sont des enjeux essentiels de la prise en charge obstétricale pour lesquels les facteurs de risques doivent être précisément établis.

Le lien entre l’obésité maternelle et la survenue d’un accouchement prématuré et/ou d’un enfant de petit poids de naissance restent débattus. Cette discussion se traduit d’ailleurs par l’absence de recommandations officielles sur la prise en charge de la femme enceinte obèse par rapport au risque de prématurité et de poids de naissance foetal.

L’objectif de cette méta-analyse, réalisée par une équipe canadienne, est d’évaluer le lien entre l’obésité maternelle et la survenue d’une naissance prématurée et/ou la naissance d’un enfant de petit poids.
À partir de l’inclusion de 84 études : 64 études de cohorte et 20 études cas-témoins, les auteurs ont regroupé un total de 1 095 834 grossesses.
Après ajustement en fonction des biais des études incluses, il ressort de cette analyse que, comparées aux femmes enceintes de poids normal, les femmes ayant un surpoids et les obèses ont un risque global d’accoucher prématurément significativement plus élevé : Odds Ratio (OR) : 1,24 ; Intervalle de Confiance à 95 % (IC à 95 %) : 1,13-1,37. Mais aussi, ces femmes ont un risque significativement plus important de prématurité sévère (avant 32 SA) : OR : 1,26 ; IC à 95 % : 1,14-1,39. Ce risque augmente proportionnellement avec le degré d’obésité.
Ainsi, le risque de prématurité sévère pour les femmes en surpoids, les femmes obèses et les femmes ayant une obésité morbide est de 1,16 (IC à 95 % : 1,05-1,29), 1,45 (IC à 95 % : 1,23-1,71), et 1,82 (IC à 95 % : 1,48-2,24), respectivement.
Concernant le poids de naissance, il apparaît que l’obésité maternelle prévient le risque d’avoir un enfant de petit poids de naissance (< 2500 g) : OR : 0,84 ; IC à 95 % : 0,75-0,95. Cet effet protecteur semble être plus important dans les pays en voie de développement (OR : 0,58 ; IC à 95 % : 0,47-0,71) que dans les pays développés (OR : 0,90 ; IC à 95 % : 0,79-1,01). Néanmoins, cet effet protecteur n’a pas été retrouvé après correction des différents biais des études retenues.

En conclusion, les auteurs insistent sur la nécessité de donner une information claire aux femmes obèses envisageant une grossesse sur leur risque de complications néonatales et sur la possibilité de mettre en place un suivi obstétrical adapté. S’il est vrai que cette étude enrichit la connaissance actuelle des complications de l’obésité maternelle et permet d’informer de manière précise les patientes concernées, les risques rapportés, bien que significatifs restent faibles. Il paraît difficile de proposer des recommandations officielles à la vue de ces résultats et de modifier la prise en charge et le suivi obstétrical de ces patientes.
Finalement, ces résultats viennent enrichir la longue liste des complications connues de l’obésité. Ils apportent des arguments supplémentaires pour la mise en œuvre urgente de moyens de prévention efficaces de l’obésité maternelle.