Articles publiés par le Dr Jean-Luc Mergui dans Gynéco-online

Cet article fait le point sur la position d’une équipe canadienne de qualité [1] dirigée par Alex Ferenczy pathologiste de renom dans le domaine de la pathologie cervicale. Ainsi les auteurs rappellent que, bientôt, grâce à la vaccination de masse des jeunes femmes, l’incidence des cancers du col et donc des dysplasies de haut grade viendra à diminuer ce qui risque d’interférer avec l’efficacité des méthodes de dépistage traditionnelles que sont le classique frottis cervico-utérin(FCU).

Ainsi la diminution de l’incidence de ce type de lésion (dans la population vaccinée dépistée) risque de diminuer la valeur prédictive positive (VPP) des FCU, ce qui risque de ce fait d’augmenter le nombre de procédures diagnostiques réalisées, donc, à tort.

En revanche l’utilisation du Test HPV moins sujet à des variations d’interprétation humaines et plus sensible (que le FCU) pourrait s’avérer (pour les auteurs) incontournable, bien que sa spécificité soit inferieure à celle du Frottis.

Cet inconvénient pourrait être contourné par l’utilisation d’un triage cytologique secondaire : les patientes HPV positives verraient leur prélèvement soumis à une lecture cytologique (où la prévalence élevée des anomalies améliorerait son efficacité diagnostique). Cette stratégie déjà évoquée par d’autres auteurs aux USA semble donc faire son chemin.

Elle permettrait en espaçant les contrôles chez les patientes HPV négatives, de (peut être) réduire le cout et améliorer l’efficacité du dépistage, mais elle demande une réelle formation des acteurs de santé, tant en matière de rigueur dans les techniques choisies pour la détection des HPV que dans l’interprétation des résultats : un test HPV positif même pour les virus à haut risque, ne signifie pas pour autant lésion sur le col.

D’autres encore, [2]ont proposé de remplacer le triage cytologique par un triage par Genotypage en sélectionnant les seules patientes HPV 16 ou 18 positives, ceux-ci ont montré dans cette stratégie une amélioration significative du ratio coût-efficacité par année de vie sauvée.

La prévention du cancer du col est affaire de santé publique, il serait intéressant de mener de telles expérimentations dans notre pays, afin de tester l’efficacité réelle de ces procédures sur nos populations et sur nos « traditions » médicales.

1- Promising strategies for cervical cancer screening in the post-human papillomavirus vaccination era.
Tota J, Mahmud SM, Ferenczy A, Coutlée F, Franco EL.
Sex Health. 2010 Sep;7(3):376-82.
2- Cost-effectiveness of high-risk human papillomavirus testing for cervical cancer screening in Québec, Canada.
Vijayaraghavan A, Efrusy MB, Mayrand MH, Santas CC, Goggin P.
Can J Public Health. 2010 May-Jun;101(3):220-5.

Pour en savoir plus :

Efficacy of human papillomavirus testing for the detection of invasive cervical cancers and cervical intraepithelial neoplasia: a randomised controlled trial.
Ronco G, Giorgi-Rossi P, Carozzi F, Confortini M, Dalla Palma P, Del Mistro A, Ghiringhello B, Girlando S, Gillio-Tos A, De Marco L, Naldoni C, Pierotti P, Rizzolo R, Schincaglia P, Zorzi M, Zappa M, Segnan N, Cuzick J; New Technologies for Cervical Cancer screening (NTCC) Working Group.
Lancet Oncol. 2010 Mar;11(3):249-57. Epub 2010 Jan 18.