Articles publiés par le Dr Jean-Luc Mergui dans Gynéco-online

Vaccin HPV & insuffisance ovarienne : phantasme ou réalité ?

À l’heure des doutes (pour certains) et des invectives à propos des vaccins en général et en particulier celui contre les HPV, cette étude de cohorte nationale réalisée au Danemark (qui a comme particularité d’avoir un registre individuel de santé permettant de colliger l’ensemble des évènements médicaux) s’est intéressée au risque d’infertilité induit par une insuffisance ovarienne précoce (IOP).

En effet un premier cas d’insuffisance ovarienne précoce (IOP), évènement rare, survenu chez une jeune fille de 16 ans suite à la réalisation d’une vaccination HPV, avec comme suggestion de mécanisme biologique le développement d’une possible auto-immunité déclenchée par la vaccination a été suivie d’une pression et attention médiatique source d’émotion notamment dans la presse et sur les réseaux sociaux sans avoir pour autant une réelle signification scientifique.

Au total près de 1.000.000 de jeunes filles (de 11 à 34 ans entre 2007 & 2016) ont été surveillées, parmi celle-ci 144 jeunes femmes ont présenté une insuffisance ovarienne (IOP) avec un âge moyen de de 26,94 ans.

À l’âge de 34 ans, l’incidence cumulée d’une IOP était de 0,044% parmi les vaccinées et de 0,047% parmi les non vaccinées (avec un taux de vaccination de 51% avec le vaccin Gardasil 4HPV) ce qui donne un Hazard ratio de HR=0,96 [95% CI 0,19-1 ,73] donc non significatif.

Si l’on considère le second élément analysé dans cette étude à savoir la survenue d’une aménorrhée ou Oligo ménorrhée le HR est de 1,09 [95% CI 0,97-1,22] également non significatif.

Cette Étude qui est la première et la plus large étude de cohorte permet de confirmer la faible probabilité d’association entre Vaccin HPV et IOP et les auteurs précisent que le vaccin protégeant efficacement contre les infections HPV et leurs conséquences pré néoplasiques ou néoplasiques a plus de chance de favoriser une préservation de la fertilité que l’inverse. Bien entendus des biais ou retards de sélections entre diagnostique, symptômes et vaccination peuvent avoir modifié les résultats, comme l’utilisation d’un contraception orale (qui peut masquer les symptômes) mais ceux-ci peuvent être à la fois présents dans les 2 bras (vaccinées ou non vaccinées).

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Association Between Human Papillomavirus Vaccination and Primary Ovarian Insufficiency in a Nationwide Cohort.
Hviid A, Myrup Thiesson E.JAMA Netw Open. 2021 Aug 2;4(8):e2120391. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2021.20391.PMID: 34436612