Articles publiés par le Dr Jean-Luc Mergui dans Gynéco-online
Les vaginoses bactériennes sources de désagréments (sexuels ou « sociaux ») voire de complications gynéco-obstétricales (augmentation des autres infections sexuellement transmissibles ou encore accouchements prématurés...) peuvent affecter 15 à 50 % des femmes et peuvent récidiver dans 20 et jusqu’à 75 % des cas dans les 3 mois malgré un traitement antibiotique bien conduit !
Les auteurs de cette étude publiée dans New England journal of medicine ont testé l’utilisation d’une souche d’un lactobacille le Lactobacillus crispatus CTV-05 (Lactin-V, Osel) chez 228 femmes âgées de 18 à 45 ans présentant une Vaginose bactérienne symptomatique et prouvée bactériologiquement.
Le protocole consistait, après un traitement de 5 jours de métronidazole, à pratiquer une injection intravaginale tous les jours pendant 4 jours la première semaine puis 2 fois par semaine pendant 10 semaines (par randomisation : soit de la souche Lactobacillus crispatus CTV-05 pour le groupe testé, soit un placebo pour le groupe témoin). Les patientes étaient contrôlées à 12 puis 24 semaines.
Après 12 Semaines les récidives de Vaginose bactérienne n’étaient malheureusement pas rares ! En effet dans le groupe traité on retrouve 30% de récidive et ce chiffre monte à 45% dans le groupe placebo soit un risque relatif significativement diminué de 0.66 [95% [CI], 0.44 to 0.87; P = 0.01)]. Après 24 Semaines ce risque relatif reste diminué mais moins significativement à 0.73(95% CI, 0.54 to 0.92).
Il est à noter qu’aucun effet secondaire notable n’est retrouvé dans le groupe traité par rapport au placebo et que l’adhérence (compliance) au traitement de 75% était excellente malgré sa durée et son mode d’application…
Les auteurs semblent donc évoquer l’intérêt de ce type de traitement utilisant une « biothérapie » par une souche vivante de lactobacille afin de rééquilibrer la flore vaginale.
Il reste juste à remarquer que bien qu’efficace en terme de réduction des récidives, celle-ci reste assez modeste 34% à 12 semaines et 27% à 24 semaines pour un protocole tout de même assez lourd d’injections vaginales pendant 11 Semaines (près de 3 mois !)
Références :
N Engl J Med 2020 May 14;382(20):1906-1915.
Randomized Trial of Lactin-V to Prevent Recurrence of Bacterial Vaginosis
Craig R Cohen 1, Michael R Wierzbicki 1, Audrey L French 1, Sheldon Morris 1, Sara Newmann 1, Hilary Reno 1, Lauri Green 1, Steve Miller 1, Jonathan Powell 1, Thomas Parks 1, Anke Hemmerling