Articles publiés par le Dr Jean-Luc Mergui dans Gynéco-online

Hystéroscopie et cancer de l’endomètre : est ce dangereux ?

La réalisation d’une Hystéroscopie devant des métrorragies, à fortiori post ménopausiques est, avec l’échographie vaginale, le gold standard des explorations morphologiques de la cavité utérine permettant en cas d’anomalie d’épaisseur de « l’endomètre » à l’échographie, ou au contraire en l’absence de sémiologie échographique de vérifier la « normalité » de la cavité en cas de persistance de la symptomatologie fonctionnelle. Devant des métrorragies post ménopausiques la prévalence d’anomalies histologiques de type néoplasique ou atypique est de l’ordre de 5 %.

Mais explorant la cavité en créant une « surpression » de celle-ci, afin de la distendre, ne risque-t-on pas de favoriser une dissémination de cellules néoplasiques au travers des trompes, dans le péritoine ou pire dans la circulation générale par un passage vasculaire ?

Deux meta-analyses tentent de faire le point :

-l’une chinoise qui montre que : l’Hystéroscopie augmente le taux de positivité des cytologies péritonéales dans les stades I & II (OR 2.97 mais non significativement CI 0.82-10.7) sans majoration en fonction de la pression d’insufflation supérieure ou pas à 100mm Hg, en revanche les milieux de distension liquidiens (sérum ou glucose) sont un facteur de risque significatif (OR 1.61 CI 1.16-2.22). Cependant le pronostic des cancers de l’endomètre, incluant le taux de survie globale, le taux de survie sans récidive, n’est pas influencé par l’exploration Hystéroscopique. La dissémination de cellules néoplasique bien que plus fréquent au cours des explorations Hystéroscopiques ne semble donc pas avoir de valeur péjorative et justifie de maintenir leur réalisation.

-l’autre Turque qui reprend plus largement l’influence des autres méthodes diagnostiques : ainsi le taux de cytologie péritonéale positive (CPP) est augmenté après curettage (entre 0-14%),  après Hystéroscopie (entre 0-83% en moyenne 10%), entre 12 et 52%  (en moyenne 25%) après echosonographie ce qui semble être une corrélation significative pour les auteurs, (quelques soient : la durée de l’examen, la pression d’insufflation, le milieu de distension ou le délai entre la cytologie et l’examen) . En revanche il semble que l’existence d’une CPP, n’ait pas de valeur pronostique péjorative tout du moins dans les stades I. Ils rappellent que l’existence d’une CPP doit être signalée séparément dans le compte rendu sans changer pour autant la classification du cancer (FIGO 2009) la plupart du temps sans conséquence thérapeutique particulière.

Ainsi l’Hystéroscopie, mais également les autres méthodes diagnostiques comme l’hystérosonographie, voire même le curetage biopsique peuvent favoriser la dissémination de cellules néoplasiques dans la cavité péritonéale, sans pour autant, à ce jour, modifier ou aggraver un éventuel pronostic. On réservera donc, par prudence son (ou leur) utilisation, dans les cas où, le diagnostic de néoplasie endométriale n’est pas déjà prouvé histologiquement.

 

Effect of hysteroscopy on the peritoneal dissemination of endometrial cancer cells: a meta-analysis.

Chang YN, Zhang Y, Wang YJ, Wang LP, Duan H.

Fertil Steril. 2011 Oct;96(4):957-61. Epub 2011 Aug 26.

Iatrogenic transtubal spill of endometrial cancer: risk or myth.

Guralp O, Kushner DM.

Arch Gynecol Obstet. 2011 Nov;284(5):1209-21. Epub 2011 Aug 12